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Ia base d'un procès de cour d'Assises, c'est l'oralité de la procédure. Seul le Président, l'Avocat Général et les avocats connaissent le dossier et vont s'y référer. Mais tout comme une pièce de théatre classique, le procès possède 3 unités de temps , de lieu et d'action qui vont reconstruire l'affaire et lui donner une nouvelle réalité, souvent très différente de celle qui ressort du dossier d'instruction.

Après la dernière déclaration de l'accusé, qui clôt les débats, le Président donne lecture des questions auxquelles les jurés auront à répondre et le jury se retire pour délibérer. Il est tard et le Président tombe la robe, ainsi que ses 2 assesseurs. Nous voici à égalité. Les débats, secrets, seront houleux, souvent, et laisseront toujours un goût amer. Le premier vote porte sur la culpabilité. En l'absence de preuves, vous devez choisir entre le doute (favorable à l'accusé) et l'intime conviction (favorable ou défavorable). C'est le moment où vous aimeriez être ailleurs. Les plus influençables chercheront du côté du Président et de ses assesseurs un avis qui les confortera dans leur choix. Problème : ce jour là, les magistrats professionnels ne sont pas d'accord entre eux...

Quand votre tour viendra de vous exprimer, vos onze compagnons seront attentifs. L'atmosphère est très lourde dans cette salle du Conseil où tant de fois la peine de mort a été votée. Certains jurés font des comptes et guettent votre opinion. L'accusé a eu une vie exemplaire. Il a basculé une seule fois, à plus de 50 ans, par amour pour une femme infidèle, un jour où, par hasard, il la surprendra avec son amant. Il a voulu discuter, l'amant ne voulait pas rester. Un couteau traînait sur une table, idéal pour le menacer et le contraindre à rester. Bousculade, empoignade, blessure mortelle.

L'accusé est cadre dans une grande entreprise. Il est aimé de tous, et ses collègues de travail, nombreux dans le public, ont constitué un comité de soutien pour lui apporter tous les mois une aide matérielle. Son supérieur hiérarchique est venu à la barre affirmer que l'accusé retrouvera son poste dès sa sortie de prison. C'est rare, surtout dans les grandes sociétés.Le vote sur la peine applicable pose souvent problème. C'est le cas ce soir. L'accusé a déja passé de trés nombreux mois en détention provisoire. L'intérêt de la société que nous représentons est-il de le garder en prison, ou bien de l'en faire sortir, lui qui avait passé toute sa vie à aider les autres, seul ou en milieu associatif ?



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